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Perception sensorielle

 

Sans que le regard ne le décèle, la ligne d’horizon s’efface, le ciel laisse place au paysage, mosaïque de couleurs, matité du sable et de la terre ocre. Etirés au couteau ou estompés à l’huile, les pigments gardent intact leur aspect tactile et sensoriel, leur matière organique comme tirée des entrailles de la terre.

Richesse des couleurs saturées, roses intenses, orangé, jaune d’or, bleu éclatant, grenat, violet mystérieux, verts acidulé, gris de brume… Promesse d’un petit matin ou étrangeté de la nuit, lumières crépusculaires qui semblent révéler un autre monde. Le paysage est ici perçu comme une immensité qu’il soit mer, désert ou montagne, landes et dunes - lieux de nature à l’état pur et de solitude, de plénitude et d’harmonie spirituelle avec l’univers.

 

Insensiblement, le passage se fait du paysage à l’abstraction et de l’abstraction au paysage. Le regard est pris entre deux perceptions qui constamment se superposent et s’entrechoquent, une lecture calme et littérale de ces paysages et la découverte de leurs lignes abstraites - autre univers, autre paysage, autre voyage.

La perception bascule, devient sensorielle, happée par la force tellurique des formes et l’intensité des vibrations de la couleur, ou le mirage subtil des nuances chromatiques.

 

Cette recherche instinctive évoque celles de Nicolas de Staël qui bousculait lui aussi le paysage en une inattendue composition abstraite, ou la sensibilité d’Olivier Debré dans les frémissements des nuances des ciels et des eaux.

 

 

Ici encore l’appel de l’infini et de l’indicible est le plus fort et peu à peu les lignes et aspérités de la terre s’estompent pour laisser toute sa place à la sensibilité d’un monde intérieur.

 

 

Valérie de Maulmin, journaliste, critique d’art.

 -  Septembre 2008 -

Huile sur toile / Alexandre Rabory

Rencontre

Huile sur toile, 2008

65 x 50 cm.

Critiques 3
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